«Projet Polytechnique» au TNM: un devoir de mémoire impressionnant

Se souvenir pour mieux avancer. Projet Polytechnique constitue une pièce documentaire mémorable qui rend un hommage digne des 14 femmes dont la vie a été fauchée à la Polytechnique de Montréal le 6 décembre 1989.

Alliant à la fois les faits et les émotions, l’intime et l’universel, l’individu et la collectivité, ce spectacle présenté au Théâtre du Nouveau Monde devrait plaire autant à ceux qui sont assez âgés pour avoir vécu cette tragédie qu’aux plus jeunes qui vont la découvrir pour la première fois.

Marie‐Joanne Boucher et Jean‐Marc Dalphond ont effectué un travail colossal pour se remémorer cet événement, le comprendre et offrir des pistes de solution pour que les choses changent une fois pour toutes, car les émules du tueur Marc Lépine sont malheureusement encore nombreux.

Tiré du réel

Infiltration de groupes d’hommes misogynes et maniement d’armes... Les deux créateurs de cette œuvre n’ont reculé devant rien pour comprendre la haine qui se trouve derrière cet acte horrible. Présent sur scène, le duo s’est basé sur des rencontres réelles avec des militantes féministes, des masculinistes, un représentant du lobby pro-armes, l’ex-chef de police Jacques Duchesneau et d’autres pour construire ce récit très bien ficelé.

Ces derniers personnages sont interprétés par Stéphan Allard, Mustapha Aramis, Lamia Benhacine, Jules Ronfard, Cynthia Wu-Maheux, Julie McInnes et Estelle Esse, dans une mise en scène réussie de Marie-Josée Bastien.

Appuyée par Alex Ivanovici et Annabel Soutar, les cofondateurs de la compagnie documentaire Porte Parole qui a entre autres créé J’aime Hydro, cette production se penche sur trois grandes problématiques. Il s’agit du contrôle des armes à feu, qui fait l’objet d’un instructif récapitulatif historique; de l’impact des réseaux sociaux dans la diffusion de la haine et de la violence envers les femmes.

Des victimes présentes

Cette œuvre intelligente va aussi beaucoup plus loin que le massacre de la Polytechnique: elle en aborde d’autres qui ont semé la désolation aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande et de nouveau chez nous avec le drame de la mosquée de Québec.

Les victimes de la Polytechnique, dont les noms sont répétés à plusieurs reprises, nous accompagnent tout au long de cette réflexion qui passe somme toute rapidement malgré les trois heures de spectacle. 

L’histoire de Jean‐Marc Dalphond, qui a perdu sa cousine lors de cette tragédie, ajoute une note personnelle à cette proposition de qualité qui se conclut avec une fin touchante. Un grand moment de théâtre.

Projet Polytechnique est présenté jusqu’au 13 décembre au Théâtre du Nouveau Monde. Pour tous les détails, c'est ici.

Source : Le journal de Montréal

AEP